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Les Nouveaux Loups du Web : sommes-nous prêt à tout accepter ?

C’est au cinéma Publicis que s’est tenue l’avant-première du documentaire “Les Nouveaux loups du Web” (sortie en salle le 11 janvier prochain). Une séance organisée dans le cadre des Dimanches de la connaissance, projections mensuelles organisés par le distributeur indépendant Jupiter films, suivies d’un débat. Une sélection de films ou documentaires qui tentent d’apporter un éclairage sur un sujet en particulier à travers un point de vue qui se veut le plus objectif possible.

 

Ce dimanche 15 novembre, à travers le documentaire de Cullen Hoback, il s’agit de s’attarder sur les conditions générales d’utilisation des services des géants du Web que l’on accepte bien souvent sans en connaître le contenu. Ce film essaie de décrypter ce à quoi nous disons oui en cliquant sur “j’accepte”. Quel sort est réservé à nos données personnelles ? Quels accords les GAFAM* entretiennent-ils avec les gouvernements ? Jusqu’où faut-il aller au nom de la sécurité nationale ? Autant d’interrogations que ce documentaire nous invitent à nous poser.

Des rapports troubles avec les gouvernements, des conditions d’utilisations évolutives

Réalisé avant les révélations d’Edward Snowden, ce film mettait déjà en lumière les liens obscurs entre les gouvernements et les géants d’Internet. Le point de départ semble remonter à l’après 11 septembre. On apprend alors que la mise en place du Patriot Act par le gouvernement Bush prévoyait que ces entreprises puissent être amenées à fournir aux services de renseignements toutes sortes de données personnelles sur des millions d’individus, sans que ces derniers soient forcément concernés par des actes illégaux.

Par ailleurs, on découvre également le poids des lobbys, influents et très présents, dès qu’il s’agit de législations qui visent la protection de la vie privée. Dans ce contexte, comment l’individu peut-il être rassuré en se sachant observé, écouté, épié ? Face à cela, que faire ? Refuser ? Restez passifs ? Ou être obligé d’accepter des conditions qui se déclarent elles-mêmes évolutives sous peine d’être privé d’utiliser les services qui font d’Internet ce qu’il est aujourd’hui ?

Quand gratuité ne rime pas avec vie privée

Des services attrayants, au design bien pensé, qui offrent des fonctionnalités pratiques au quotidien et qui sont surtout gratuits. En tout cas en apparence car la fameux phrase “si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit” n’a jamais retentit aussi fort. La gratuité de ces services est le centre du problème. Dès lors qu’un service n’est plus payant, le consommateur ne peut se montrer exigent face à ce qui lui est proposé, le regard n’est plus avisé et l’acceptation des conditions d’utilisation se réduit à une simple formalité.

En outre, les gouvernements, sous couvert de sécurité nationale, ne vont pas dans le sens de la protection de la vie privée. Aucune instance indépendante ne veille à un usage réglementé du stockage des données. L’état actuel des choses laisse penser que tout est absolument permis.

En ce sens, le documentaire est riche en histoires incroyables de personnes qui ont subi une atteinte à cause d’une recherche Google, un Tweet, un post Facebook, souvent mal interprétés. Quand une manifestation est annulée avant même qu’elle n’ait lieu, il évident que c’est une forme indéniable de censure inacceptable. Sans parler de l’auto-censure que nous opérons nous-mêmes parfois que ce soit sur le contenu partagé sur les médias sociaux ou dans les requêtes tapées sur un moteur de recherche…

Ces pratiques abusives finissent par mettre à mal la définition même d’un État démocratique garantissant les libertés individuelles à ces citoyens. Les lanceurs d’alerte ont été les premiers à en subir les conséquences et malheureusement, les évènements tragiques qui ont frappés notre société risquent peut-être d’accentuer ce phénomène. Jusqu’où serions-nous prêt à sacrifier notre liberté pour avoir un sentiment de sécurité ?

*GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft

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