Imaginez un téléphone qui s’adapterait à vos goûts, à vos envies mais plus important encore, à votre budget. Cette idée un peu folle est en train de devenir réalité sous l’impulsion de la firme de Mountain View. Cette semaine, le géant américain du Web a présenté un prototype de son smartphone en pièces détachées lors de la première conférence développeurs sur ce sujet.
Un smartphone ultra personnalisable
Sur un châssis, l’endosquelette, viennent se greffer divers composants à la manière d’un puzzle pour constituer un téléphone qui vous ressemble. Vous êtes un baroudeur souvent loin d’une prise électrique pour recharger votre mobile ? Vous n’avez qu’à mettre une batterie d’une plus grande capacité. Vous aimez prendre de belles photos ? Clipsez-donc un capteur de meilleure définition ! Mémoire, écran, clavier, etc, on peut imaginer un module pour presque tout. Fini également les soucis liés à une pièce défectueuse obligeant à acheter un nouvel appareil. Ici, l’utilisateur pourra les changer lui-même en se les procurant directement via une plateforme de vente dédiée sur Internet, à l’instar des « apps stores ». Couleurs, matières, design, il sera possible de tout personnaliser notamment grâce à l’impression 3D. Google promet même une durée de vie du terminal de 5 à 6 ans, bien loin des standards actuels. Seule ombre au tableau, Android, le système d’exploitation maison ne serait pas capable pour le moment de gérer différents modules séparément. Mais une mise à jour prochaine et l’ajout de pilotes devraient régler le problème.
Un projet, deux paternités
Avant de revendre la division Motorola Mobility à Lenovo en janvier dernier, Google avait pris le soin de conserver l’équipe en charge du fameux projet Ara, l’Advanced Technology and Projects (ATAP). Au même moment, un designer hollandais, Dave Hakkens, présentait sur YouTube son téléphone décomposable, le Phoneblocks. Avec cet appareil d’un nouveau genre, l’inventeur souhaitait enrailler le phénomène de l’obsolescence programmée cause de nombreux déchets électroniques. Devant l’engouement du public, les deux équipes ont décidé de collaborer sur un projet commun.
Des développeurs à séduire
Pour espérer un succès commercial, Google doit d’abord compter sur l’aide précieuse de développeurs capables d’inventer des pièces ingénieuses. Et pour stimuler la matière grise, rien de tel qu’une bonne récompense : 100 000 dollars seront en effet remis au créateur le plus innovant. Car comme le dit le responsable du projet, Paul Eremenko « il faut une masse critique de modules pour avoir assez de choix ».
Le choix, les utilisateurs devraient en avoir dès janvier 2015, date de sortie des premiers terminaux estampillés Ara. Moyennant 50 dollars, on pourra mettre la main sur une version basique de l’appareil soit un endosquelette, un écran, une batterie, un microprocesseur et module WiFi. A noter que des versions plus grandes seront également proposées à des prix que l’on imagine plus élevés.
Un nouveau marché à conquérir
Avec le Projet Ara, Google ambitionne de changer notre façon de consommer les appareils mobiles. Bien conscient que le marché des smartphones arrive à saturation, notamment dans les pays développés, le géant du Web souhaite apporter une alternative à contre-courant de la bataille technologique que se livrent les principaux acteurs. La promesse ici n’est pas celle d’un téléphone à la pointe de la technologie qui possède les derniers gadgets à la mode, mais plutôt celle d’avoir la possibilité de choisir. Choisir la configuration idéale, de personnaliser son appareil selon ses envies et son budget, de posséder un appareil qui durera plus longtemps.
Cette stratégie s’apparente à celle des PC à monter soi-même, plutôt réservé à des spécialistes, des passionnés. Il sera intéressant de voir comment la firme de Mountain View communiquera auprès du grand public habitué à acheter du « clé en main ».
Mais ce projet, aussi prometteur qu’il y paraît, ne doit pas faire oublier que Google est une entreprise et qu’à ce titre, son objectif premier est de faire du profit. En proposant un appareil à 50 dollars, le groupe cherche avant tout à pénétrer un nouveau marché, celui des pays en développement. Certes, donner la possibilité au plus grand nombre de posséder un smartphone c’est permettre la démocratisation de la technologie, mais c’est également un excellent moyen pour la firme de relier de nouveaux utilisateurs à ses différents services, au risque de créer une nouvelle situation de monopole.
A quand un projet similaire de la part de la concurrence ?
Découvrez le site du Projet Ara en cliquant ici.
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